Depuis le lundi 4 avril 2022, la Suisse dispose d’une nouvelle arme qui permet de traquer les cyberpédophiles à beaucoup plus large échelle. Et d’aiguiller les victimes vers un soutien adapté

Le constat d’Yvonne Frei, de Protection de l’enfance Suisse est sans appel: «ll est encore tabou d’admettre que les violences sexuelles sont largement répandues dans notre société». Et pourtant, dans cette Suisse où, selon le sentiment généralement répandu, il fait si bon vivre, les cas d’abus se multiplient et le nombre d’images ne cesse de croître sur internet.

Jusqu’à présent, face à cette déferlante, les jeunes victimes ne pouvaient compter que sur les efforts de la police. On a tous entendu ces histoires, vu ces reportages dans lesquels des policiers se font passer pour des enfants, pour piéger les cyberpédophiles. Des efforts essentiels et louables mais qui, au vu des effectifs disponibles, restent un vrai travail de fourmi, hélas assez trop limité face à l’ampleur de la menace.

Le temps se gâte pour les pervers

Mais heureusement, le temps se gâte pour les pervers: depuis le lundi 4 avril 2022, le service de signalement en ligne clickandstop.ch permet aux citoyens d’épauler les efforts des autorités pour lutter contre le fléau de la cyberpédophilie. Chacun peut ainsi désormais signaler un cas d’abus, à chaque fois qu’il remarque un contenu pédocriminel sur le Web.

Mieux: la plateforme propose aussi des offres de consultation et des liens vers des programmes de prévention gratuits et anonymes, qui peuvent se faire par téléphone, par chat ou via un formulaire de contact. Tout un arsenal pratique qui devrait donner de l’ampleur à la traque aux pervers et enfin permettre de faire augmenter les poursuites judiciaires par signalement direct. Une initiative qui va permettre, aussi, à la Suisse de combler le retard qu’elle accusait face à l’étranger dans ce domaine.

Un atout accessible aux enfants et aux ados

Parents, enseignants, spécialistes, mais aussi enfants et ados peuvent ainsi désormais signaler directement les cas d’abus. Ces données seront ensuite transmises à FedPol, l’Office fédéral de la police, qui prendra le relais au niveau judiciaire. Si des contenus pénalement répréhensibles sont effectivement repérés, les fournisseurs d’accès seront alertés et priés de supprimer et de bloquer les contenus incriminés. Charge ensuite, aux enquêteurs, de remonter les filières et d’identifier les coupables.

Si Guido Fluri, président de la fondation Protection de l’enfance Suisse, parle de «courage civil nécessaire» pour qualifier cet acte de dénonciation de la cyberpédophilie par de simples particuliers, certains ne manqueront pas d’y voir une incitation à la délation. Vu la nature du crime perpétré – et dans la mesure où, suite aux dénonciations, des vérifications seront systématiquement effectuées par les autorité compétentes, éliminant ainsi un maximum de risques de dénonciations abusives ou calomnieuses – force est pourtant de constater que clickandstop.ch constitue, avant tout, un précieux outil supplémentaire pour traquer et mettre hors d’état de nuire des pervers qui s’en prennent à de jeunes victimes sans défense.

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